Archives mensuelles pour janvier 2010

Compte-rendu de la situation

Jean-Benoît, un de nos prédicateurs, raconte ce qui s’est passé le 12 janvier.  « J’étais à bord d’un taptap (transport en commun) avec  Mona, mon épouse.  Soudainement, le taptap s’est mis à bondir en l’air et à retomber comme un cheval sans mors.  Je pensais qu’un véhicule nous avait heurtés.  Mais quelqu’un à bord  du véhicule a crié : « Tremblement de terre ». Quand ces soubresauts se sont arrêtés, tout le monde est descendu.  Mona et moi avons marché pendant une heure et demie pour se rendre à la maison, dans les ténèbres épaisses et les débris jonchant le sol.  Pendant que nous nous déplacions dans cette scène apocalyptique, nous voyions des maisons s’écrouler et des bras et des têtes un peu partout.  C’était horrible. »

Les équipes de secours s’affairent autour des blessés et des malades qui sont transférés dans d’autres centres faute de place.  On estime à 200,000 le nombre de décès.  Trois millions de personnes habitent à Port-au-Prince ce qui fait une personne sur quinze.

Aujourd’hui, les banques et plusieurs magasins ont ré-ouverts ce qui nous a permis d’acheter de la nourriture.  Pour le moment, nous nourrissons les responsables de notre église, leurs familles et les enfants et nous offrons des soins médicaux aux nécessiteux. Priez pour notre sécurité.  Mais le plus important est d’aider à reconstruire les maisons détruites ou présentant des fissures, afin que les familles regagnent leurs habitations avant la saison des pluies qui pourrait commencer début mars. 

Dimanche, nous avons tenu nos deux réunions dans la rue à cause du mur d’enceinte donnant sur notre tribune qui a été très ébranlé lors du tremblement de terre.  Nos jeunes sont en train de le jeter par terre pour le reconstruire.    242 personnes ont assisté à notre réunion de jeunesse et  177 enfants au culte des enfants.  Notre maison est en parfaite condition. Vendredi, 750 enfants et jeunes sont venus à la réunion.

Plusieurs sponsors de Child Care Plus nous demandent si l’enfant qu’ils parrainent est vivant.  Trois facteurs rendent difficile pour nous le repérage des enfants.  D’abord l’exode des familles vers la campagne et les camps de sinistrés, puis les maisons tombées ou aux murs fissurés.  Dans les jours à venir, nos jeunes sillonneront les rues et les ravins pour faire un sondage à savoir qui est déménagé, qui est en santé et/ou malade et/ou blessé et qui serait décédé dans cette tragédie.  Nous pourrons mieux répondre à vos questions. Dans ce séisme, environ une personne sur quinze est décédée.    S’il vous plaît, soyez patients avec nous.  Nous servons des repas à chaque jour.  Il nous faut aussi reconstruire deux des murs d’enceinte de notre maison et un mur d’enceinte de notre nouvelle église qui sont tombés lors du tremblement.

Nous sommes un peu ébranlés, mais nous allons bien.  Il  faut reconstruire maintenant.

Michel & Louise

Michel & Louise

19 janvier 2010

Bonjour d’Haïti,

Hier, nous avons découvert plusieurs camps de sinistrés à une quinzaine de coins de rue de chez nous dont un d’environ 15,000 à 20,000 personnes sur un terrain de golf entre Delmas 40B et Delmas 48.  Ils dorment à la belle étoile.

L’armée américaine est sur les lieux.   Ils donnent des soins médicaux et ils distribuent de la nourriture et de l’eau.   Une équipe médicale composée de vingt chirurgiens et infirmières américaines arrive pour travailler avec nous mercredi. Ils passent par la République Dominicaine pour entrer en Haïti puisque tous les vols internationaux sur Haïti ont été annulés.  Ils apporteront de la nourriture pour eux, pour nous et pour aider les gens, car les magasins sont fermés par crainte d’être pris d’assaut par la population affamée. Nous avons pu acheter de l’eau pour boire et de l’eau pour se doucher hier.

Nous dormons dans la maison en plaçant notre lit tout près de la porte.  C’est difficile pour moi de trouver le sommeil, à cause de la crainte d’un autre tremblement de terre. Toutefois, nous pensons bien que le pire est passé.  Les journalistes parisiens que nous hébergeons dorment dehors. C’est leur choix. Les gens dorment dans les rues et dans les cours loin de tout édifice ou murs de béton.  Mais les voleurs armés et non-armés sillonnent les rues pour trouver quelque nourriture et articles de valeur à revendre. Il y a beaucoup de coups de feu la nuit et avec notre mur tombé, nous ne sommes pas  en sécurité.  Le mur tombé n’est pas celui qui donne sur la rue, mais sur le terrain du voisin. Sa cour est aussi encerclée d’un mur.  La nuit passée, les chiens aboyaient à tout  moment.  Notre gardien a tiré la chasse de son fusil pensant qu’on était attaqué.  Mais on ne sait pas trop ce qui se passait.  Dormir dehors nous expose aux voleurs et aux coups de feu et dormir à l’intérieur, nous expose à de nouvelles secousses.   Nos nuits sont courtes et agitées.  Les voleurs pris en flagrant délit sont tirés à bout portant. C’est la loi de la jungle.

ERDO nous envoie une somme substantielle pour subvenir aux besoins des sinistrés.  Si vous voulez contribuer, veuillez envoyer vos dons à ERDO, aux APDC et nous en aviser.  Merci de tout cœur pour ce que vous ferez.

Nous savons bien que Dieu nous garde. Nous prions pour toutes ces familles en deuil et pour ceux qui ont tout perdu afin que Dieu console leur cœur.

Les enfants sont soit dans des camps de sinistrés ou  partis à la campagne.  Pour ceux qui restent, les parents ont peur à un autre tremblement de terre et ils ne les laissent pas se promener dans les rues ni venir à l’Église.  Dimanche passé, environ 25 enfants sont venus. Ce sont ceux qui habitent le voisinage immédiat.  A la jeunesse, l’assistance était de moitié.  Nous savons que nous allons reconstruire notre assemblée. C’est une question de temps.

Michel & Louise

16 janvier 2010

Bonjour d’Haïti,

Nous étions en République Dominicaine lorsque le tremblement de terre a frappé la ville.  Malgré les images montrées à la télévision et sur l’internet, nous ne pensions jamais que c’était aussi grave. Hier soir, en revenant à la maison en taptap, le seul que nous ayons pu trouver, en passant devant l’édifice effondré du Caribbean Market, le plus grand supermarché de la ville, une odeur de mort remplissait l’air.  Plusieurs sont encore sous les décombres.

Notre assistant pasteur, Gandy St-Hilaire, est aussi étudiant à l’Institut biblique de l’Église sur le Rocher.  Depuis cinq ans, il est un des piliers de notre assemblée  et de notre programme de parrainage.  Il est aussi en charge de notre salle à dîner.   Il fait des visites et prépare les candidats au baptême d’eau.  Le jour de la catastrophe, il était à l’Institut biblique pour ses cours, ensemble avec Assenique, une autre jeune femme de notre assemblée.   L’édifice s’est effondré et Assenique a pu s’enfuir par une brèche faite dans le mur. Mais une poutre de ciment est tombée sur Gandy. Bob Thornley, notre directeur de projet, à l’aide de nos jeunes et d’autres personnes ont multiplié leurs efforts pendant trois jours et trois nuits pour dégager ceux qui étaient prisonniers des décombres.  Quatre sont sortis vivants et 18 étaient morts. Gandy fut le dernier à être retrouvé. Sa figure était méconnaissable. Il a été enterré le jour même.  De toutes les pertes que nous avons subies, la perte de Gandy est de loin la plus grande.  C’était un fidèle serviteur. Michel et moi avons souvent répété cette phrase : « Si seulement nous avions d’autres Gandy dans l’assemblée. » Dieu saura nous consoler.  Il est avec son Divin  Maître maintenant.

Institut biblique effondré

Le troisième étage de l’école Pierre Larousse où environ 400 de nos enfants parrainés sont inscrits, s’est effondrée.  Comme plusieurs écoles et collèges n’existent plus, l’année scolaire est probablement compromise.

Dès que la catastrophe a  frappé le pays, Audette, une infirmière de notre assemblée, est sortie dans les rues pour soigner les blessés.  Les gens sont traumatisés.  Ils craignent que d’autres édifices et maisons ne tombent. Ils dorment partout dans les cours et dans les rues à la belle étoile.   Les magasins sont fermés.  Il est donc difficile de trouver de la nourriture.  L’essence et le gas oil sont rationnés.  Il nous faut économiser l’eau au maximum, car les réserves sont minces et les camions d’eau ne livrent plus d’eau pour le moment. Sans eau et sans provisions, il nous est presqu’impossible de nourrir les enfants de notre assemblée.

Merci pour vos prières,

Michel & Louise

13 janvier 2010

Chers pasteurs et ami(e)s,

Nous sommes présentement en République Dominicaine pour une conférence missionaire et nous sommes donc sains et saufs. Nous essayons de retourner en Haïti le plus rapidement possible. Des amis nous ont apprit que notre maison est encore debout. Svp, priez pour Bob Thornley qui est encore en Haïti, pour les membres de notre église et pour toute la communauté auprès de laquelle nous oeuvrons.

Merci pour vos prières,

Michel & Louise